Transparence salariale : un retard alarmant

La directive européenne sur la transparence des rémunérations, adoptée en mai 2023, impose de nouvelles obligations pour les entreprises en matière de clarté salariale. Or, selon une étude, beaucoup d’organisations en France peinent encore à prendre le tournant malgré des échéances désormais proches. Entre inertie, méconnaissance ou simple manque de ressources, les retards s’accumulent, à la fois sur le plan juridique et culturel.

Un paysage légal en mutation lente

La directive européenne 2023/970 introduit des obligations fortes : publication de données sur les écarts de rémunération, indication du salaire dans les offres d’emploi, information accessible aux salariés sur les critères de rémunération, etc. En France, la transposition doit se faire d’ici le 7 juin 2026. Mais l’étude montre que près de la moitié des entreprises ne disposent pas encore de plan d’action concret, et qu’un nombre significatif ne maîtrise pas les nouvelles exigences.

Freins identifiés et risques associés

Parmi les obstacles figurent le manque de temps, de ressources, ou de visibilité sur les critères objectifs à mettre en œuvre. Certaines entreprises craignent les tensions internes que la divulgation d'écarts pourrait susciter. Mais les risques sont réels : non‑conformité légale, sanctions possibles, et perte de crédibilité auprès des collaborateurs et des candidats si les pratiques ne s’alignent pas sur les attentes croissantes en matière d’équité.

Stratégies pour rattraper le retard maintenant

Mettre en place dès maintenant un audit des rémunérations pour identifier les écarts existants. Structurer des critères objectifs clairs (expérience, responsabilité, ancienneté, compétences) et les formaliser dans une politique de rémunération transparente. Communiquer en amont avec les équipes, former les managers, établir des outils de suivi fiables (grilles de salaire, reporting).
La transparence salariale ne relève plus d’un débat abstrait mais d’une obligation imminente avec des conséquences stratégiques. Les entreprises qui tâtonnent aujourd’hui prennent le risque de devoir se rattraper dans l’urgence, avec tous les coûts que cela suppose — légaux, culturels, humains. En revanche, celles qui anticipent, structurent et communiquent peuvent transformer cette contrainte réglementaire en avantage concurrentiel : confiance, attractivité et cohésion interne renforcées.